Rencontre internationale d'art postal
Exposition du 1 au 15 juillet 2012
Liste des participants
Pour André Robèr par Chritiane Fath
Pour André
Observation
de la pratique artistique d' André RoBèr à un moment donné, lors de la
réalisation d'une série de dessins pour Élie, qui vont être exposés dans le
Parc du 20 décembre à Saint-Leu pour commémorer la première révolte d'esclaves de La Réunion, à Saint-Leu
(8/11/2011, Ravine du Trou)
01/11/2011,
une après-midi chez Sophy Rotbard, à Arsenik, Saint-Leu.
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Par
la forme peut-être, ces bouches grandes ouvertes rappellent Le Cri de Munch mais il y a
quelque chose aussi de Baselitz dans ces figures renversées, ces contours
flous, hachés, aux traits qui se recoupent,
comme
des formes en gestation qui auraient du mal à s'incarner,
des
formes oubliées, perdues,
qui
hantent la mémoire émotionnelle de l'artiste,
la
mémoire limbique,
ce
dont on hérite de l'histoire familiale et collective,
qu'on
croit ne pas savoir,
qui
surgit lorsque l'émotion le permet,
La
mémoire est un gouffre,
y
sont engloutis les océans de vies de nos ancêtres
recouverts
par les silences, le déni et l'oubli
mais
engrammés là,
ils
deviennent secrets,
un
puissant fond,
matière
à rêves
...derrière
les opercules...
Lorsqu'on
voit travailler André
RoBèr, on le voit d'abord descendre en-dedans de
lui-même,
puis
son geste déplie, défroisse, caresse le papier.
Le
papier est du kraft, doublure intérieure des sacs de farine, papier odorant,
puis
il pose la couleur,
petit
bruit de frottement sur le papier,
peu
de couleur,
juste
ce qu'il faut pour sortir de la transparence,
noir,
brun, rouge sombre, terre brûlée,
couleur
posée, superposée, fondue, estompée,
cela
commence par des gestes précis, courts, hachés, rythmés,
cela
produit des touches légères, courtes qui se chevauchent,
dans
le silence de la concentration,
Traits-traces,
qui se recouvrent les uns les autres,
pour
former une figure.
La
forme se construit avec des vides dans son pourtour,
des
failles, qui vont peu à peu être comblées.
L'être
est dans le monde,
tout
est relié,
les
frontières poreuses entre les êtres,
laissent
passer la vibration des âmes...
André RoBèr
travaille dans une concentration intense,
mâchoires
serrées, corps ramassé,
comme
pour expulser, extirper hors de soi,
ces
êtres aux cris inaudibles, déchirants,
aux
cris empêchés,
aux
cris que lui seul entend,
aux
cris sourds et lourds de cet indicible,
ces
êtres muselés,
ces
êtres qu'il porte,
venus
de ce puissant fond,
Puits
sans fond.
Christiane Fath