Le 18/05/2012 à 06h00
André Robèr et ses oeuvres.
ILLE-SUR-TET
Cette
fois c'est le maître de céans André Robèr, qui a accroché ses derniers
travaux sur le thème Peintures et sacrifices, à la Galerie Treize. Un
travail qui interpelle, celui d'un artiste atypique, un artiste à
message, d'une grande sensibilité.
Un travail de poésie visuelle,
où la littérature s'invite, avec ce K qui est le K de créole, ce noir
qui domine dans le travail d'André Robèr. "Ce noir que j'aime parce que
ce sont les couleurs de l'anarchie et parce que c'est une très belle
couleur", souligne l'artiste pour expliquer sa propension à noircir le
tableau. Comme avec ce bitume qu'il façonne en aplats et reliefs et où
il colle ses livres. L'écrit ainsi figé, forme une deuxième couche.
L'oeuvre littéraire trouve une deuxième vie. Chez André Robèr tout est
questionnement, chacun doit trouver son passage dans le labyrinthe qu'il
propose, mais le message est clair : "Le noir, le bitume, c'est la
matière première des émigrés dont je fais partie".
L'exposition est ouverte jusqu'à
dimanche mais accueille
samedi,
à 20 h 30, Louis Arti, et ses Trois Neveux, pour une lecture théâtrale
El Halia, un livret qu'il a écrit et qui a été monté en 1995 pour la Cie
Jean-Louis Hourdin. Dans le mouvement, Christian, Charley et Michel
Gaudioso, interprétera Louis Arti.
Pris le blog de Fred Hidalgo http://sicavouschante.over-blog.com/article-vivre-pour-des-idees-104678691.html
Un blog à voir absolument pour les amoureux de la chanson française
« Pour que tu saches lire
et écrire… »
Je
reviens d’Espagne, le pays de mes ancêtres, livré pieds et poings
liés aux forces arrogantes et maffieuses de la finance, où l’avenir
n’est plus synonyme d’espoir et de progrès mais seulement de soumission
et de régression. Alors, « allez savoir
pourquoi », en mémoire de mon père, peut-être, combattant
antifranquiste de la première heure (« Ils sont morts cent dix fois pour que dalle et
pourquoi / Avec l’amour au poing sur la table et sur rien… »), j’ai envie aujourd’hui de partager cette chanson du Grand Ferré, sous-titrée dans la langue de Cervantès… « Ils
ont le cœur devant et leurs rêves au mitan et puis l’âme toute rongée
par des foutues idées ; y en a pas un sur cent et pourtant ils existent,
la plupart
fils de rien ou bien fils de si peu… »
Le sait-on ? Associé généralement à l’aristocratie, un hidalgo
(étymologiquement « hijo de algo », c’est-à-dire « fils de quelque
chose » et donc exact contraire du « fils de rien » dont parle Léo dans
sa chanson)
a un sens autrement plus sociable sous la plume de Miguel de
Cervantes pour qualifier son héros, « El ingenioso hidalgo Don Quijote
de la Mancha » : celui de la noblesse de cœur. Cela pour dire
qu’on peut s’appeler Hidalgo, n’être pas fils de rien et se montrer
néanmoins en empathie totale avec un peuple frère dont une large partie
est en voie de passer sous le seuil de la pauvreté,
alors qu’il n’est en rien responsable des maux qui l’accablent.
En
Espagne, l’Histoire semble balbutier avec des résurgences néo-fascistes
facilitées (suscitées ?) par des hommes de l’ombre œuvrant au sein
de tristes officines vouées corps et biens à la spéculation la plus
infâme, celle qui conduit inéluctablement à la mise en
cause des services publics, éducation et santé en tête. Comme s’il
s’agissait d’éradiquer précisément ce pour quoi des hommes de bonne
volonté se sont dressés, des générations durant, contre
l’arbitraire de l’argent et son corollaire voulu de l’ignorance : Vivre pour des idées, chante Leny Escudero…
Avec
près du quart de sa population au chômage, et la moitié de la jeune
génération (oui, cinquante pour cent !) à laquelle on interdit de
fait – quel que soit son niveau de formation – d’entrer dans la vie
active, l’Espagne de 2012 fait dramatiquement penser à
l’Allemagne désespérée de 1929 à 1933… On me dira qu’on n’en est pas
encore là et que ce n’est pas, ici, le lieu d’analyser les causes et
conséquences de cette situation. Peut-être que oui,
peut-être que non. Une chose est sûre : la contagion menace et il
est plus que temps de s’attaquer aux racines objectives de cette crise
(à commencer par le système généralisé d’évasion
fiscale des plus riches) qui appauvrit le plus grand nombre et
enrichit davantage encore les profiteurs sans foi ni loi.
Avec
le temps, il est en effet à craindre qu’en Grèce, en Espagne et
ailleurs en
Europe, si cette dérive du bien public vers la dictature financière
se poursuit, on risque vite d’oublier les passions et même les voix « qui vous
disaient tout bas les mots des pauvres gens ». Avec le temps,
comme le redoutait Léo Ferré, le risque est grand pour chacun d’entre
nous de se replier sur soi au lieu de s’ouvrir aux
autres ; d’abattre la carte de l’aquoibonisme gainsbourien (voire
pire) plutôt que de choisir celle, plus que jamais indispensable, de la
solidarité.
À mon humble niveau, sachez pourtant qu’Avec le temps
(merveilleuse chanson, à tirer des larmes aux cœurs les plus endurcis,
mais chanson de la plus haute désespérance), votre serviteur, lui, a la
chance et le privilège d’aimer toujours autant, voire plus
aujourd’hui qu’hier et moins que demain… et qu’il continuera à faire
chorus avec ce qui est beau et mérite d’être partagé. N’en déplaise
aux jeteurs de sorts et autres nuisibles de tous poils pour lesquels
la fin justifie les moyens. Ceux-là nous trouveront toujours sur leur
chemin, debout, non pas désarmés comme Le Déserteur de Boris Vian (du moins dans sa version « officielle ») mais prêts à riposter, tant il est vrai que « la poésie est une arme
chargée de futur »…
Publié dans : La Chanson vivante
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Par Fred Hidalgo
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